Le Body Neutrality

Le Body Neutrality

Apparu en 2015 mais peu employé, le terme Body Neutrality a commencé à se répandre sur les réseaux sociaux depuis 2019 suite à un article que la journaliste Marisa Meltzer a publié dans le magazine The Cut après avoir participé à une retraite bien-être organisée autour de la neutralité du corps.

Le Body Positive vu comme une nouvelle injonction et/ou source de culpabilisation

Le corps, et surtout celui des femmes, est constamment soumis à des injonctions : sois belle, sois mince mais pas trop, ne sois pas trop musclée, sans boutons, sans poils, cache tes vergetures et ta cellulite, fais ce régime, cache tes rondeurs avec des vêtements noirs… Le Body Positive vient en rajouter une : sois fier.re de ton corps, aime-le et montre-le tel qu’il est. Finalement ce mouvement qui se voulait libérateur pour les corps s’est vidé de son sens en rajoutant une nouvelle contrainte, une nouvelle pression à celles et ceux qui avaient déjà du mal à s’accepter. Non, il n’est pas tous les jours facile son corps et de le regarder avec bienveillance.

En effet, pour quelqu’un qui a passé sa vie à ne pas aimer son corps, il est difficile de faire le contraire tout d’un coup avec le Body Positive. Apprendre à se regarder avec bienveillance peut demander du temps et on n’a pas à se forcer. Aujourd’hui, on parle beaucoup de Body Positive, et parfois on nous le met à toutes les sauces et partout. Défilés de lingerie, pubs, posts sur les réseaux sociaux, ateliers… Le mouvement est-il finalement devenu comme une mode ? En tout cas une communauté s’est créée. “Tu n’es pas Body Positive ? T’as un train de retard !”. Le problème n’est pas que le mouvement attire de plus en plus de personnes, mais plutôt le fait que des personnes veulent y adhérer en se forçant. Ok, force toi à aimer ton corps. Tu n’y arrives pas ? Pourquoi tu n’y arrives pas alors que tout le monde semble y arriver ? Et voilà qu’on commence à culpabiliser de ne pas arriver à aimer et être fier.e de son corps ! Déjà que ces personnes ne se sentaient pas forcément bien dans leur peau, maintenant elles culpabilisent de ne pas réussir à aimer leur corps, comme le voudrait le Body Positive !

Le Body Neutrality, le terrain neutre

Alors que le mouvement Body Positive nous invite à aimer notre corps tel qu’il est, l’idée du Body Neutrality se situe dans un juste milieu, entre la détestation et l’amour de notre corps.

En effet, tout n’est pas noir ou blanc : soit j’aime mon corps soit je le déteste. Ce mouvement ne dit pas d’aimer son corps mais plutôt de l’accepter, c’est donc une version plus nuancée que le Body Positive. Ici, on prend le temps qu’il faut pour s’accepter dans sa peau et, contrairement au Body Positive, on se concentre plus sur ses propres réalisations que sur son physique. Le body neutrality favorise la reconnaissance et l’appréciation de son corps et éloigne l’idée d’être obnubilé constamment par son physique. Il est dans ce cas plus important de se pencher sur l’efficacité de nos jambes, nos bras ou encore de nos mains, plutôt qu’à leurs aspects physiques ou à leurs tailles. Cette tendance prône la santé physique et mentale avant tout. Il s’agit ainsi de prendre conscience que l’on ne sera jamais pleinement satisfait.e de son apparence et de tout simplement l’accepter.

L’actrice et activiste Jameela Jamil a créé le compte Instagram inclusif et intersectionnel @I_Weigh. Elle y invite tout le monde à se définir par ses actions et réalisations plutôt que par ses caractéristiques physiques. Dès le lancement en mars 2018, elle précise qu’il ne s’agit pas d’un compte dédié au body positive. Dans le numéro de septembre 2019 du British Vogue, elle insiste même sur sa volonté de promouvoir un rapport neutre à son corps : “J’ai du passer par la thérapie et l’exercice de la body neutrality au quotidien pour m’enlever de la tête que je devais faire attention à moi pour plaire aux autres. Les cicatrices de toutes ses années passées à détester mon corps et me flageller sont trop profondes. Je n’arrive pas à regarder mes cuisses et leur déclarer mon amour. Ce serait encore et toujours concentrer mes pensées sur ma chaire, au lieu de les consacrer à autre chose.”

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