Le patinage artistique, la gym, le yoga, la danse, le plongeon et la nage synchronisée sont souvent perçus comme des sports « féminins ». Pourtant, d’innombrables garçons y trouvent leur compte et font éclater les préjugés. Alors, c’est quoi, un “ sport de filles” ?
Le sport, une discipline historiquement pour les hommes
Il convient de rappeler que tous les sports ont longtemps été une chasse gardée pour les hommes. En 1896, lorsque Pierre de Coubertin a relancé le mouvement olympique, aucune épreuve féminine n’était au programme. Le seul rôle réservé aux femmes consistait à remettre des couronnes en feuilles de vigne aux gagnants.
Présidente d’Égale Action, Guylaine Demers rappelle que le sport est l’un des nombreux domaines où les notions de « masculin » et de « féminin » viennent avec une liste de comportements attendus. « Apprendre à être un homme ou une femme, c’est ancré très profondément dans nos façons d’être, dit-elle. Dans la pratique sportive, on associe les “vrais” gars à des concepts comme la force, la virilité, l’agressivité et la compétitivité, alors qu’on attend des filles qu’elles soient douces, gracieuses, surtout pas agressives et qu’elles aident les autres. »
Guylaine Demers met en garde la population contre les effets pervers des perceptions genrées. « Les étiquettes excluent les garçons qui auraient le goût de pratiquer ces sports, car ils vont s’auto-éliminer d’emblée. Tout comme les filles le font encore beaucoup avec le football, le hockey ou le rugby, parce qu’on dit que ce sont des sports de gars et que si elles veulent les pratiquer, c’est parce qu’elles ne sont pas de vraies filles, donc des lesbiennes… »
Le corps de la femme toujours critiqué
Depuis plusieurs années, on assiste, grâce aux réseaux sociaux, à l’avènement d’une communauté “fit & strong”. Ces hommes et ces femmes qui travaillent sans cesse à la salle de sport à soulever des poids ou à faire du crossfit, souvent à haut niveau. A ce stade, il va sans dire que la musculature de leur corps est très développée. Certain.e.s s’entraînent même pour des compétitions de culturisme.
Vous connaissez déjà surement le fat shaming et/ou le skinny shaming. On entend de plus en plus parler de fit shaming ou même de muscle shaming et cela touche surtout les femmes. En gros, cela consiste à dénigrer/se moquer/faire des remarques désobligeantes sur le corps d’une femme musclée en faisant ressortir ce à quoi une VRAIE femme doit ressembler. Par exemple, une femme avec des gros bras ou des cuisses musclées entendra : “Tu ressembles à un homme”, “Tu as sûrement un énorme pénis”, “Tu me dégoûtes”, “Tu n’es pas une vraie femme”.
Et dans le yoga ?
Statistique très parlante : dans un cours de Yoga « lambda » en France, on voit en général 0, 1 ou 2 hommes… Et pourtant, à la base, le Yoga a été inventé en Inde par des hommes et pour des hommes ! En effet, au début, Pattabbi Jois, le fondateur de l’Ashtanga, n’autorisait pas les femmes à suivre son enseignement. Heureusement par la suite, son ashram s’est ouvert à tous sans distinction de sexe…
Pourtant, les clichés sur le Yoga demeurent tenaces ! Les hommes occidentaux pensent par exemple souvent que le Yoga est une sorte de gymnastique pour les gens qui ne veulent ou ne peuvent pas faire de « vrais » sports. Du coup, le Yoga reste encore très féminin dans les pays occidentaux, surtout lorsqu’il s’agit de Yoga réputé plutôt « doux » comme par exemple le Hatha ou le Yin Yoga.
Cette question est typiquement française car nous sommes frileux de voir le yoga comme une discipline ouverte à tout le monde. Dans les pays anglo-saxons, les pays nordiques et même en Espagne le yoga est plus ouvert. Depuis les années 2000, de nouveaux professeurs ont su mieux adapter le yoga à tout le monde, hommes comme femmes et même pour les enfants et les personnes âgées. Ces nouveaux professeurs ont développé des yogas plus en adéquation avec le monde moderne actuel.
Alexandre Pelland, professeur de yoga à Montréal, témoigne : « J’entends souvent dire que le yoga est réservé aux femmes, qu’il faut être flexible pour en faire et que je dois aimer le yoga uniquement pour regarder les filles… D’abord, dans les classes où j’enseigne, les garçons représentent de 20 à 60 % des élèves en moyenne. Et je ne crois pas que ça dérange les gars d’être entourés d’une majorité de femmes. Ensuite, il faut savoir qu’il y a du yoga pour tous les goûts et que certains types sont très toniques et difficiles. Ça peut donc plaire à ceux qui pensent s’ennuyer.».