L’origine du mouvement
En 1996, aux Etats-Unis, Connie Sobczak et Elizabeth Scott créent l’association The Body Positive suite au décès d’une proche qui avait développé des troubles de l’alimentation durant l’adolescence. Cet organisme avait pour mission d’aider les jeunes à mieux accepter leur corps en ayant une meilleure image d’eux-mêmes et à les affranchir de toutes les normes de beauté à travers de formations ou d’ateliers. Les deux femmes ont conçu le mouvement Body Positive comme « une communauté vivante et thérapeutique qui libère des messages sociaux étouffants maintenant les gens dans une lutte perpétuelle contre leur corps ». Le Body Positive est donc un mouvement social qui prône la diversité des corps, des formes et des couleurs de peau en écartant toutes formes de normes et de stéréotypes souvent imposées par les médias. Principalement soutenu par des militantes, donc des femmes, le mouvement a été à la base surtout porté par des personnes obèses.
Le Body Positive, un mouvement positif et libérateur
On soutient que “all bodies are good bodies” (tous les corps sont des bons corps) : les corps minces, ronds, avec un handicap, grands, petits, trapus, de couleur, de travers, queer, trans… Ici, pas de normes, on part du principe que la beauté est une construction sociale et que donc, il n’y a pas qu’une seule forme de beauté, comme veulent souvent l’imposer les medias. De plus, le movement veut mettre en avant que ce n’est pas parce qu’on a un corps marginal qu’on est en mauvaise santé, sans pour autant faire l’apologie de l’obésité, de la maigreur ou du laisser-aller. La morphologie n’est en effet pas le reflet du bon fonctionnement du corps, pas dans tous les cas.
Le Body Positive remet de la bienveillance dans notre relation avec notre corps. Celui que l’on fuit, que l’on cache peut maintenant être regardé de façon positive pour se le réapproprier et l’aimer. Il s’agit principalement d’adopter une attitude positive d’indulgence, d’acceptation puis d’affirmation par rapport à son corps. Le chemin n’est pas facile car pour des personnes très complexées, cela peut prendre des années, à repasser au-dessus de toutes les critiques. Cela peut être même comme une thérapie. A la clé, on est plus serein.e, on a regagné confiance en soi et estime de soi et on se connaît mieux (mental et corps). On connaît mieux ses limites et on les a acceptées. D’ailleurs, on ne les voit plus comme des limites ou des obstacles mais plutôt des opportunités. Chacun.e va à son rythme, a son histoire et le Body Positive met cette diversité en avant. Evidemment, la démarche ne doit pas être forcée car on ne voudrait pas se persuader d’aimer son corps. Il en va de même pour le corps des autres. En effet, le Body Positive prône également l’acceptation de l’apparence des autres, toujours dans la bienveillance et le respect. Personne ne doit être écarté sur des critères relatifs au physique, qu’il corresponde aux stéréotypes de beauté ou non !
L’objectif du Body Positive est également de se libérer des diktats de beauté en mettant en avant les formes et les couleurs des corps de celles et ceux qui ont appris à s’aimer. Cette lutte se passe notamment sur le web et les réseaux sociaux. Elle pousse les militant.e.s à dépasser leurs peurs et briser les tabous pour diffuser ce message d’acceptation et inviter d’autres à rejoindre le mouvement et à faire de même. C’est un phénomène d’empouvoirement. Aujourd’hui, le Body Positive est majoritairement suivi par des femmes. Les hommes aussi ont le droit de célébrer leur corps mais il n’y a pas encore assez de médias et de personnalités masculins pour en parler.
Les critiques
Certain.e.s ne voient pas le body positive du même oeil. En effet, ce mouvement serait plutôt perçu comme une mise en avant de l’obésité et de la maigreur car il vise l’acceptation, voire la normalisation de toutes les formes de corps. Les personnes qui seraient, par exemple, en surcharge pondérale pourraient avoir une vision erronée de leur corps et ainsi ne pas se soucier de leur santé. C’est du moins la conclusion que tire The Obesity Society, une société scientifique, après avoir réalisé une étude en Angleterre dédiée à l’obésité et ses traitements en 2018.
D’autres critiquent ce qu’est devenu le mouvement. Aujourd’hui, de plus en plus de personnes qui correspondent aux standards de beauté actuels se revendiquent de ce mouvement et se l’approprient sur les réseaux sociaux dans un but souvent marketing. De ce fait, elles détournent le mouvement de son but premier en se mettant en avant alors qu’elles n’ont peut-être jamais subi de discrimination ou de body shaming. Oui, le body positive est tendance. Oui, on en parle de plus en plus. En tant que personne influente sur la toile, est-ce que je suis en retard si je n’en parle pas ? Il est possible de lire sur certains blogs que ne sont légitimes de parler de body positive uniquement les personnes dont le corps a pu être une barrière, par exemple, lors d’une recherche d’emploi. C’est un débat. Est-ce qu’on peut se revendiquer du mouvement si on fait un 34 ? Chacun.e peut avoir ses insécurités, quelque soit sa taille.
Les portes-paroles du Body Positive
Le combat du mouvement se joue en grande partie sur les réseaux sociaux. Petit à petit, une communauté s’est créée et le hashtag #bodypositive compte près de 14 millions de publications sur Instagram. Cette communauté a pour but d’élever la voix de celles et ceux qui veulent s’accepter et s’encourager les un.e.s les autres. On s’y sent compris.e, soutenu.e et surtout mieux ! Même si ce mouvement américain date de 1996, Instagram lui a donné un nouveau souffle et permis de trouver une portée internationale. En France, on retrouve alors des hashtags comme #Plusde70kgetsereine ou #Onveutduvrai. Les photos sont postées brutes, non retouchées, sans filtre, avec des poses du quotidien qui ne cachent rien. Les messages qui les accompagnent sont bienveillants, plein d’acceptation et d’espoir. On souligne, avec fierté, les aspects du corps que la société rejette par considérés comme imparfaits : les poils, l’acné, la cellulite, les vergetures, les bourrelets… Ici, la priorité n’est plus au “how I look” (ce à quoi je ressemble), mais plutôt au “how I feel” (comment je me sens).
En France, plusieurs figures représentent le mouvement en envoyant des mouvements positifs à leurs followers. L’influenceur alsacien Cyril Schreiner, alias Cyridicule sur les réseaux, a publié une photo de lui torse nu. Sur son torse, il y marque des insultes qu’il a reçues : “trop moche”, “gros”, “nul”… Une façon de dénoncer le body shaming et le cyber harcèlement et d’encourager son public à ne pas se laisser abattre et à accepter son corps. Julie Bourges, elle, nous parle de son accident qui laisse son corps brûlé à 40%. Sur son compte Instagram (@douzefevrier), elle montre fièremente son corps et ses nombreuses cicatrices pour appeler les internautes à changer le regard sur le corps. De plus en plus, les langues se délient et on ose parler de nos complexes et afficher notre corps tel qu’il est. Et ce, grâce à des figures emblématiques du mouvement en France telles que Ely Killeuse et Gaëlle Prudencio qui ont très tôt diffusé des messages libérateurs et positifs.
Les marques s’y mettent aussi. Certainement par besoin marketing, mais elles s’y mettent quand même. En France, Dove a été précurseur en mettant en scène en 2004 des femmes aux formes variées dans sa Campaign For Real Beauty (“campagne pour la vraie beauté”). Une façon de permettre aux femmes de pouvoir s’identifier plus facilement aux produits Dove. En 2006, la marque se positionne à nouveau sur l’acceptation de soi en diffusant une vidéo montrant le pouvoir des retouches sur une femme. En 2013, elle publie Dove Real Beauty Sketch, un spot dont le message est “Vous êtes plus belle que vous ne le pensez”. A chaque fois, ces messages ont cartonné sur la toile. D’autres ont suivi le pas. H&M, Nike, Primark, Asos… Tous font maintenant leurs campagnes publicitaires en mettant en avant des mannequins “ronds” ou avec des “défaut”, prônant ainsi la diversité des corps pour s’éloigner petit à petit des standards de beauté.
Le Body Positive Studio porte les valeurs de ce mouvement. Pour en savoir plus, consultez notre philosophie (cliquez ICI).