Apprendre à écouter son corps

Apprendre à écouter son corps

Lorsque nous pratiquons une activité physique, nous avons souvent un objectif. Courir 10km en 1 heure, tenir un équilibre sur les mains plus de 30 secondes, pouvoir toucher sa tête avec ses pieds, faire 100 pompes en une série, gagner 3cm en tour de biceps ou perdre 5cm en tour de taille… Naturellement, nous voudrions arriver au résultat rapidement. De plus, nous vivons dans un monde où tout va vite, certains vivent à 200 à l’heure, ce qui renforce cette impatience. Mais combien se sont obstinés et blessés en chemin ?

La blessure, le risque principal

Nous sommes tous différent.e.s. Notre corps ne réagit pas de la même façon que les autres et il est naturel d’être inspiré.e par les performances des autres pour nous pousser à nous dépasser. Seulement, quand on se pousse trop loin ou trop souvent et que ce n’est pas en adéquation avec les capacités de notre corps, on risque de se blesser. Un muscle trop raide qu’on étire trop fort, un muscle trop froid qu’on contracte d’un coup, un mouvement trop brusque car on veut aller vite… Tous ces « trop » entraînent des blessures qui selon leur degré peuvent limiter notre pratique sur le long terme. Un moment d’inattention ou de « mais non, j’ai mal mais ça va le faire » et c’est vite arrivé ! Occulter les signaux que votre corps vous envoie, c’est prendre le risque de se faire mal.

Ahimsa et Brahmacharya

Parmi les 8 branches, piliers, de la philosophie du yoga issus des Yoga Sutras de Patanjali (un des textes de référence du yoga), on retrouve Yama, des règles morales qui encadrent nos rapports avec nous-même mais aussi avec les autres et notre environnement. Le premier des cinq principes de Yama, est ahimsa, la non-violence. Rapporté à notre corps et notre pratique physique, ahimsa nous invite à ne pas être violent vis-à-vis de nous-même, à ne pas nous blesser. La violence que l’on peut avoir par rapport à notre corps peut passer par des actes physiques (se pousser trop loin) mais elle peut aussi être verbale et psychique. En effet, quand nous n’arrivons pas aux objectifs fixés, il peut arriver que l’on s’auto punisse par la dévalorisation de nos capacités (qui entraîne une baisse de l’estime de soi). Ainsi, on s’enferme dans une bulle négative. Ahimsa veut nous guider hors de cette bulle.

Le quatrième yama est brahmacharya. A l’origine, ce yama invitait à l’abstinence sexuelle pour conserver son énergie vitale. Aujourd’hui, et appliqué à nos pratiques sportives, brahmacharya nous guide vers la modération pour garder une bonne énergie de vie. Cela implique une certaine discipline pour rester en accord avec notre corps, écouter nos besoins et notre cœur. Plus l’approche sera faite de façon modérée, plus on gagnera en efficacité, force mentale et endurance. Pas besoin de faire du sport 5 heures par jour tous les jours, il a besoin de repos pour progresser.

L’écoute de son corps passe alors autant par ahimsa que par brahmacharya. D’un côté, il est nécessaire de faire attention à ne pas se pousser trop loin et de l’autre, de pratiquer dans la modération. 

Cultiver la patience, l’acceptation et la bienveillance

N’essayez pas d’aller plus vite que la musique car elle vous rattrapera. Envisagez votre pratique non pas comme un objectif en soi mais plutôt comme chemin que vous empruntez et qui, même s’il est jonché d’obstacles, vous fera évoluer physiquement mais aussi psychiquement. La pratique sportive nous aide à nous connaître plus profondément, ne brûlez pas les étapes car pour 3 pas en avant, pour pourrez en faire 2 en arrière en allant trop vite. Comme on dit, « doucement mais surement ». En prenant le temps, vous pourrez décomposer chaque mouvement, analyser pourquoi vous bloquez et trouver des solutions adaptées à votre corps et vos capacités. Pour un même résultat, les techniques pour y arriver peuvent changer d’une personne à une autre. « Tous les chemins mènent à Rome », il faut juste trouver le bon pour vous, ne vous comparez pas à votre voisin.

Votre corps est ce qu’il est. Votre pratique physique vous aidera à le faire évoluer. En attendant, acceptez-le et regardez-le avec bienveillance. Parfois, il nous arrive d’être en « petite forme » ou de faire des « petites séances ». Et c’est normal ! Gardez en tête que votre forme physique dépend de votre fatigue du jour, de votre humeur du moment… Ne forcez pas votre corps à aller là où il ne peut vous emmener. Composez avec vos limites, vos résistances et travaillez autour de celles-ci. Tout le monde connaît des moments comme ceux-là, il y a des jours avec et des jours sans. Et ne vous en voulez pas ! C’est peut-être le moment de prendre le temps de revoir les bases, pour consolider ses acquis et s’approprier chaque mouvement afin de se sentir stable et confortable, comme s’il devenait naturel.

Appliquer ces principes n’est pas facile, cela requiert une grande sagesse. Mais c’est un chemin à emprunter, sans obligation, un moment d’exploration de son corps et de soi-même. Au Body Positive Studio, nous traitons les corps avec une bienveillance totale. Chacun.e arrive avec sa propre histoire, ses besoins, ses doutes et peut trouver son chemin en suivant des conseils adaptés.

Illustration de Margaux Motin

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